Walter Bouvais, Open Lande : « L’économie régénérative est une ambition qui peut mobiliser largement

, Walter Bouvais, Open Lande : « L’économie régénérative est une ambition qui peut mobiliser largement

Walter Bouvais, le concept d’économie régénérative [1] parait pour le moins ambitieux. Ne faut-il pas commencer par stopper les activités économiques qui détruisent le vivant ?

L’idée de l’économie régénérative, c’est de remettre le vivant au cœur de la décision, qu’elle soit publique ou privée. Donc oui, il y a un enjeu plus ou moins progressif de renoncement à ce qui peut nuire au vivant. Chez Open Lande, nous travaillons autour des trois grandes crises écologiques (climat, biodiversité, ressources) et des enjeux humains qui en découlent (organisation et sens du travail, coopération territoriale, etc.). L’urgence, c’est effectivement de réduire notre empreinte écologique. Ensuite, il s’agit d’équilibrer les systèmes entre ce que l’on apporte et les impacts négatifs que l’on produit. Et puis, à terme, vu l’état des écosystèmes naturels et humains et vu la fragmentation de nos sociétés, il y a un très grand enjeu, celui de réparer. Il faut ramener le vivant à un état de plus grande autonomie et de prospérité. C’est une ambition à la fois pour notre système économique mais aussi pour notre système démocratique.

L’économie régénérative peut être, selon vous, un nouveau récit politique mobilisateur ?

Oui, mais à condition que ce ne soit pas un récit creux. Il faut faire attention au marketing qui digère tout. Mais oui, l’économie régénérative peut être une ambition qui peut mobiliser largement, qui peut donner envie à beaucoup de monde de s’engager.

Concrètement, sur le terrain, comment se matérialise cette approche économique ?

Il y a des projets dans beaucoup de secteurs d’activité. Si on parle d’agroécologie, par exemple, tous les projets, petits ou gros, tendent vers le régénératif. Dans le Gers, vous avez par exemple l’initiative GreenPods. C’est une ferme de 150 hectares qui, à l’origine, produisait du maïs. Une culture intensive qui a laissé derrière elle des sols très endommagés, appauvris au niveau des nutriments. C’était une sorte de modèle dégénératif en quelque sorte. Aujourd’hui, elle produit des amandes de manière plus écologique. Ce qui permet de régénérer les sols.

Le régénératif, c’est possible dans d’autres secteurs que l’agriculture ?

Il y a d’autres secteurs où c’est possible, comme la mode. L’idée, c’est de jouer sur les sous-traitants et de sélectionner des professionnels du textile qui ont de pratiques écologiques et sociales bien meilleures.

Dans certains secteurs comme l’électronique, c’est plus complexe. Si votre métier, c’est de fabriquer des cartes mères ou des dispositifs électroniques pour l’industrie, c’est difficile de voir à première vue comment votre business pourrait devenir régénératif. Mais, en réfléchissant, on peut se dire qu’au final, on peut très bien faire des choix. Faire de l’électronique, oui, mais au service de dispositifs qui vont décarboner ou surveiller l’état de la biodiversité par exemple. Dans l’industrie spatiale, on peut privilégier par exemple des réseaux de satellites qui aideraient à surveiller des grandes aires terrestres ou maritimes.

Ce n’est pas de la régénération au sens premier du terme, puisque vous allez utiliser des composants électroniques, des ressources rares. Pour autant, la mobilisation des ressources, si elle est faite de manière plus parcimonieuse, plus sobre, au service d’un objectif tourné vers le vivant, rentre dans une logique régénérative.

L’économie régénérative peut-elle concerner toutes les entreprises ?

Oui, car s’il est parfois difficile d’agir sur ses propres impacts, n’importe quelle entreprise est ancrée dans un territoire et peut se dire que ce qu’elle retire en matière de prospérité, c’est aussi lié à la qualité du tissu humain et social de son écosystème local. Donc elle peut essayer de se regrouper avec des acteurs publics et privés proches d’elle pour préserver les communs de ce territoire, que ce soit une rivière, des sols, etc.

C’est ce type de projets territoriaux que vous accompagnez au sein d’Open Lande ?

Oui, Open Lande accompagne de nombreuses entreprises et collectivités qui réfléchissent sur la sobriété, sur l’économie circulaire, etc. Nous proposons des formations puis du conseil pour prototyper des projets. Nous travaillons surtout dans la région Pays de la Loire pour faire émerger des projets de territoire autour de la régénération. En amont de cela, nous faisons aussi du diagnostic, du conseil stratégique pour des structures publiques et privées. La régénération, c’est un très long chemin.

Propos recueillis par Matthias Hardoy

Sur la photo : Walter Bouvais, cofondateur notamment d’Open Lande, entreprise dédiée à l’accompagnement des entreprises et des territoires dans leur transformation écologique. Il a aussi cofondé le média Terra Eco et coécrit le film Animal, avec Cyril Dion. Il a été invité début décembre par le Département de Haute-Garonne aux troisièmes Rencontres départementales de l’économie sociale et solidaire. Un événement coorganisé en partenariat avec le média consacré à la transition écologique Sans transition ! Crédit : Sans transition !

Notes

[1Économie qui ambitionne de produire des impacts positifs sur le vivant

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