Les difficultés à recruter sont un réel frein au développement de certaines entreprises industrielles dans la Loire, explique Jérôme Damelincourt, délégué général de l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie) dans le département. Les outils de communication comme la semaine de l’industrie sont essentiels et permettent selon lui de susciter des vocations chez les plus jeunes.
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France Bleu Saint-Étienne Loire : La représentation que se fait parfois le grand public de l’industrie est-elle très éloignée de la réalité ?
Jérôme Damelincourt : Elle ne correspond pas à la réalité et c’est la raison pour laquelle nous profitons de la Semaine de l’industrie qui est un temps fort annuel pour essayer de faire changer justement l’image du grand public sur nos métiers.
Quels sont les préjugés qui persistent ?
Il y a des tas d’images d’Epinal liées à l’industrie : il y a les cadences, le travail de nuit, les métiers pénibles. Mais aujourd’hui, l’industrie a beaucoup changé et l’industrie s’est modernisée. L’industrie est technologique, l’industrie est robotisée, le numérique a fait changer considérablement les métiers et donc du coup, tous les métiers de nos entreprises ont du être « upgradés ». Aujourd’hui, on a de plus en plus besoin de techniciens et d’ingénieurs et un peu moins d’opérateurs de premier niveau. Même les opérateurs sur machines, aujourd’hui ce sont des commandes numériques et donc forcément, il faut avoir des notions en programmation notamment. Donc les diplômes vont avec l’évolution des technologies.
La semaine de l’industrie suscite-t-elle réellement des vocations chez les collégiens, les lycéens ?
C’est ce sur quoi nous misons. Alors bien évidemment, ça porte ses fruits puisque notre centre de formation Loire- Drôme-Ardèche accueille chaque année environ 1.500 alternants. Preuve que nos actions de promotion des métiers réussissent; mais nous avons des besoins encore plus importants. Il faut savoir que nous opérons chaque année un observatoire de l’emploi sur le territoire de la Loire et de l’arrondissement d’Yssingeaux, qui correspond à notre bassin. Et cet observatoire fait apparaître en 2023 plus de 2.000 besoins dans nos entreprises. Vous voyez, on a 1.500 alternants. Il en manque encore 500, sachant que tous les alternants que nous formons ne vont malheureusement pas uniquement dans la métallurgie mais dans d’autres entreprises industrielles.
N’est-ce pas difficile de convaincre les plus jeunes ?
Ce n’est pas forcément le public le plus difficile à convaincre. Là, j’entends que ça. Il faut aussi convaincre, surtout, les parents. Ce sont souvent les parents qui ont une vision négative du métier, mais ça peut se comprendre : nous sommes sur un bassin industriel, beaucoup de familles ont été touchées par la désindustrialisation. On parle de Manufrance, on parle de Creusot Loire. Souvent, des familles ne voient pas l’industrie comme un secteur d’avenir. On voit plutôt l’industrie comme un secteur en régression. Or, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, il y a des besoins d’emplois dans l’industrie et en plus, ce sont des métiers qui sont attractifs. Il faut savoir que la branche de la métallurgie propose des rémunérations en moyenne 15 % supérieure aux autres branches professionnelles. Si vous prenez un chaudronnier par exemple, ou un opérateur sur machines, avec un peu d’expérience, quelqu’un de bon techniquement, il peut avoir un salaire jusqu’à 3 000 euros.
N’avez-vous pas intérêt aussi à vous adresser à un public plus expérimenté, vu le nombre de salariés qui envisagent une reconversion professionnelle ?
Nous nous adressons bien évidemment à tous les publics : les jeunes, les collégiens, mais pas que. Nous nous adressons également à des demandeurs d’emploi et également des personnes qui sont en reconversion professionnelle. Nous avons notamment une action qui s’appelle Nouveau départ Pro, qui vise plus particulièrement ce public. Ça concerne tous les métiers industriels. Bien évidemment, nos métiers de base, les opérateurs sur machines, ce qu’on appelle les usiniers, les chaudronniers, les maintenanciers, mais également les métiers plus connexes je pense à l’électro tech, notamment, à la maintenance, beaucoup aussi. Et il y a de très forts besoins en maintenance dans l’ensemble des entreprises industrielles.
Les difficultés de recrutement des entreprises concernent-elles tous les niveaux de qualification ?
Oui, alors peut-être un peu moins sur les niveaux d’ingénieurs, bien qu’il manque également des ingénieurs. Mais à tous les niveaux, c’est difficile. Je vous parlais tout à l’heure de l’observatoire que nous menons chaque année, il fait ressortir que 85 % de nos entreprises connaissent des difficultés de recrutement. C’est le premier facteur de frein à leur développement et ces difficultés de recrutement s’accroissent dans le temps : il y a trois ou quatre ans, on était à 66 % à peu près.
Pensez-vous, comme le ministre Roland Lescure, que la France aura besoin de l’immigration pour se réindustrialiser ? Y a-t-il vraiment des compétences aujourd’hui qu’on n’a plus en France ?
On a peut-être moins de compétences, on a des métiers qui attirent moins. Maintenant, nous avons les formations pour former les personnes à nos métiers. Nous accueillons tout le monde chez nous, bien évidemment.
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