Loire-Atlantique. Ces éleveurs de chèvres veulent réduire leur impact sur le climat

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Élisabeth et Vincent Guillet
L’exploitation d’Élisabeth et de Vincent Guillet s’étend sur 77 hectares de surface agricole utile (SAU). ©HSM

« Ah oui, c’est bruyant ! C’est comme les enfants : vous leur dîtes que c’est l’heure du goûter et tout le monde est là ! », s’amuse Élisabeth Guillet alors que des dizaines de ses chèvres bêlent de toutes leurs forces. Au milieu de l’allée, un robot commence sa distribution automatique de « concentrés » (aliment obtenu par concentration) qui doivent rassasier les animaux, selon le niveau de production de chaque chèvre. Ici à La Planche, au sein de l’EARL La Perle de lait, avec en moyenne 520 chèvres présentes (sur 550 places au total), on produit 520 000 litres de lait par an.

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Cette donnée chiffrée n’est pas l’unique indicateur auquel Élisabeth et son compagnon Vincent, les deux exploitants installés depuis 20 ans, sont très attentifs. « On est conventionnels, mais avec une réflexion comparable aux agriculteurs bios, lâche la première, avec le moins de traitements et d’interventions possibles sur notre culture, de manière à avoir quelque chose de qualité et de ne pas polluer les surfaces dont on dispose. En gardant, bien sûr, les rendements dont on a besoin. »

C’est donc tout naturellement que le couple – et c’est l’une des premières exploitations de la filière caprine à le faire – a décidé de s’engager dans la démarche « Fermes bas carbone », portée par la Région Pays de la Loire (lire ci-dessous). Ce dispositif, mis en avant jeudi 1er juin lors d’une visite de La Perle de lait en présence d’une quarantaine d’acteurs du secteur et de partenaires, vise à réduire les émissions de gaz des éleveurs en activant plusieurs « leviers » au sein d’un plan d’actions. La première étape, en marge d’une formation dédiée suivie par Vincent Guillet, consiste à réaliser un diagnostic d’exploitation, un état des lieux pour se rendre compte des performances environnementales du site. 

Moins de concentrés, moins de carbone

Le premier bilan en matière de carbone ? « Il n’est pas mauvais », qualifie Élisabeth Guillet, qui a été « agréablement surprise » d’apprendre que leur exploitation pouvait nourrir 1 800 personnes par an. En ayant désormais conscience du niveau d’émission en gaz à effet de serre de l’exploitation agricole (13 847 kg équivalent CO² par ha de surface agricole utile), les exploitants ont cinq ans devant eux pour viser une réduction. Avec certaines actions déjà en cours, qui datent d’avant leur engagement dans le dispositif.

Exemple : optimiser la ration des chèvres qui, comme d’autres ruminants (bovins, moutons…), évacuent du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane (CH4) surtout par leurs rots. « On va essayer d’amener un peu de matières protéiques (ndlr : riches en protéines) aux chèvres ce qui va nous permettre de diminuer l’apport en concentré dans la ration, détaille Élisabeth Guillet qui prévoit par ailleurs l’implantation de 1250 mètres linéaires de haies. Ces concentrés sont directement générateurs de carbone puisqu’ils sont fabriqués et transportés. Moins on va dépendre de ces concentrés, moins on va consommer de carbone sur l’exploitation. » 

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L’enjeu pour l’exploitation, dont plusieurs bâtiments sont équipés de panneaux photovoltaïques, n’est pas seulement environnemental : « Cette économie-là nous a permis de diminuer l’impact carbone et aussi le coût alimentaire, tout en ayant les mêmes résultats de production. » 

À l’entendre, tout le monde semble gagnant donc. Alors ce dispositif bas carbone, la responsable le recommande « à n’importe qui souhaitant s’installer ou étant déjà installé, jeune ou moins jeune… Cet outil nous aide énormément à visualiser comment fonctionne notre exploitation, où est-ce qu’on est bon ou moins bon, et qu’est-ce qu’on peut mettre en place. On travaille avec des personnes très compétentes pour nous accompagner, ça nous aide beaucoup à avancer dans le bon sens. Cela fait 20 ans qu’on fait ça, on est tous les jours apprentis et on a tous les jours besoin de se remettre en cause. »*

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1 600 éleveurs de la région engagés

«  Le dossier carbone monte en puissance  », prévient Lydie Bernard, en écho à la volonté gouvernementale d’atteindre la neutralité dans ce domaine à l’horizon 2050. Jeudi 1er juin, sur le site de l’EARL La Perle de lait (lire par ailleurs), la vice-présidente de la Région des Pays de la Loire, en charge de l’agriculture, est venue dresser un premier bilan de la démarche régionale «  Fermes bas carbone  ».

Ce dispositif permet de financer du temps d’intervention de techniciens compétents pour accompagner des exploitants à améliorer leurs pratiques, en vue de limiter les émissions de carbone. Région pilote, les Pays de la Loire ont mis plus de 4 millions d’euros sur la table et pas moins de 1 600 éleveurs sont engagés (filières lait, viande et désormais caprine). Parce que comme l’a rappelé Franck Moreau, secrétaire général de la Fédération nationale des éleveurs de chèvres (FNEC) : «  On est des pollueurs comme les autres citoyens.  »

Chaque exploitant passe d’abord par une phase de diagnostic de ses performances environnementales, avant la mise en place d’un plan d’actions de réduction (amélioration génétique, amélioration de la qualité des fourrages, système de récupération de chaleur…). Des effets positifs sont ainsi attendus à terme, après cinq ans par exemple.

Vincent Guillet (en bleu) lors de la visite de son exploitation, jeudi 1er juin.
Vincent Guillet (en bleu) lors de la visite de son exploitation, jeudi 1er juin. ©HSM

Selon Clarisse Juret, conseillère en élevage caprin pour Seenovia (conseil en élevage) et auteure de plusieurs diagnostics, ces leviers doivent permettre de diminuer sensiblement l’émission de CO2 (de l’ordre de 20 %) tout en augmentant le nombre de personnes nourris. «  On améliore la performance économique de l’exploitation quand on baisse le niveau de carbone  », a également conclu Christophe Sablé, secrétaire général de la chambre d’agriculture 44.

Réduire les cheptels ?

Une tendance prometteuse pour le secteur donc, alors qu’un récent rapport de la Cour des comptes a beaucoup fait réagir le jour de la visite de l’exploitation de La Planche. La juridiction financière a appelé à «  définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques  », tout en rappelant que cette seule filière bovine est responsable d’environ 12 % des émissions de gaz à effet de serre du pays.

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«  Que deviendrait votre territoire avec moitié moins d’élevages, madame la Maire ?  », s’est ainsi interrogé Mickaël Lamy, président de Brilac, l’interprofession caprine, en se tournant vers l’élue de La Planche, Séverine Joly-Piveteau, également présente. «  Oui, on en utilise du carbone, oui, nos vaches rotent. Mais ce n’est pas par une réduction du cheptel qu’on arrivera à réduire le carbone, s’est montré persuadé Christophe Sablé. Cela passe par des leviers techniques dans les exploitations.  » 

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