Tout comme Charles Péguy marchant vers Chartres, la géographie nous a appris la planitude de la Beauce. Mais elle est aussi terre de vallons et d’élévations : les flèches de la sublime cathédrale et également les bords de l’Eure donnent ses reliefs à ce décor gigantesque. C’est à Lèves, dans un de ces villages en pente, que se trouvent les Ateliers Loire. Un panneau brun d’autoroute l’annonce : Chartres est la capitale mondiale du vitrail, par son histoire et par l’émulation qu’y crée le Centre international du vitrail. Et nous voilà à l’entrée de ces ateliers, concrètement plusieurs pavillons pour les différentes activités : restauration, création, techniques spécifiques…
Bruno Loire nous accueille. Il partage les lieux avec son frère Hervé, leurs employés et quelques artisans venus en renfort pour leur carnet de commandes, plein jusqu’à l’hiver. En trois générations, les Loire ont créé des vitraux aux quatre coins du monde, les archives en témoignent : commandes, créations pures, restaurations, rien ne leur échappe.
L’arc-en-ciel et la grisaille
La première étape est la salle des échantillons : sur toute une fenêtre, un arc-en-ciel de lamelles de couleurs, comme un nuancier des teintes disponibles. La magie du vitrail opère : la verrière, tantôt douce, tantôt vive, colore toute la pièce. Tout ici est intrigant et nouveau pour l’œil béotien, des croquis fixés au mur jusqu’aux outils qui semblent appartenir à quelque cruel dentiste – alésoir, coupe-verre, pince à gruger, meule diamantée. La même crainte nous saisit quand il s’agit du verre : manié sans ménagement par les artisans, il fait redouter les blessures au novice… pas à ces experts.
Les artisans ont le geste précis : suivant le dessin, ils passent une roulette qui fragilise le verre. D’un mouvement sec, ils font sauter le morceau dont ils ne se servent plus. Puis ils assemblent précieusement les fragments, qu’ils lieront entre eux grâce à des tiges de plomb. S’il faut des détails plus fins, on peint à la grisaille. Et après ? « Ça ne bougera plus ! »
Entre perpétuation et innovation
« On n’a rien inventé, dit Hervé : on utilise toujours les techniques du XIIe siècle. » Bruno et Hervé s’accordent à le dire : « Nous ne transmettons pas un savoir-faire mais un état d’esprit, une curiosité pour tous les domaines utiles à notre métier : art, échafaudage, maçonnerie… » Si les maîtres des lieux restent humbles, leur créativité, dans les techniques comme dans les formes, déborde dans les jardins : la « vitrailleraie » offre aux visiteurs et aux éléments naturels cinquante ans de création.
L’innovation n’est pas en reste : de la dalle de verre (cette technique caractéristique du XXe siècle déployée sur 2 500 vitraux dans l’église du Souvenir à Berlin) au four à plâtre, « les possibilités d’expression sont énormes », s’enthousiasme Bruno. Parfois, il s’agit d’apporter une solution technique à un problème artistique : se mettre aux normes, réfléchir à l’usage pratique, comme ce vitrail à double vitrage anti-UV pour préserver un orgue. Des casse-tête qui se révèlent vite des défis ludiques pour ces passionnés.
Si l’on pense évidemment aux églises, les ateliers Loire installent également leurs vitraux pour des particuliers souhaitant décorer une cage d’escalier, voire la verrière au-dessus de leur piscine ou encore… les Tavernes de Maître Kanter ! « Le monde du vitrail est confidentiel, la profession n’est pas en constante évolution et pourtant, nos créations sont visibles par tous », résume Hervé Loire.
Les projets ne manquent pas ! Pourtant, quand on leur demande s’ils ont des projets de développement, ils répondent d’une seule voix : « Non. Parce qu’il faudrait alors changer de structure, de manière de fonctionner… On y perdrait le côté humain, artistique et créatif. Si l’objectif de toute société est de faire des gains, ce n’est pas le nôtre. Notre but est de vivre de notre travail et c’est déjà le cas. » Faut-il être maître-verrier pour avoir une telle lucidité si… éclairée ? 
« Les Ateliers Loire, 100 ans de passion du vitrail », collégiale Saint-André de Chartres, du 21 juin au 21 septembre.
La fonction de ecoparc-sologne.fr étant de collecter sur le web des articles sur le sujet de Les Affaires en Sologne puis les diffuser en répondant au mieux aux interrogations des personnes. L’équipe ecoparc-sologne.fr vous soumet cet article qui parle du sujet « Les Affaires en Sologne ». Cette chronique a été reproduite du mieux possible. Vous avez la possibilité d’écrire en utilisant les coordonnées fournies sur le site pour apporter des explications sur cet article qui traite du thème « Les Affaires en Sologne ». En consultant régulièrement nos contenus de blog vous serez informé des futures parutions.
