L’aéroport Saint-Etienne Loire se remet en piste

Après la mise en place d’une nouvelle gouvernance et la reprise de l’exploitation de l’aéroport Saint-Etienne Loire par le syndicat mixte, de nouveaux projets de développement sont en cours pour faire revivre l’aéroport de Bouthéon. Le mot d’ordre est clair : il ne peut pas avoir une seule vocation. Il faut donc se diversifier. L’aviation commerciale a cependant fait son retour ce printemps.

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Les vols charters ont repris depuis le printemps. ©JT/ If Saint-Etienne

« Il sera facile de fermer. Il sera infiniment plus difficile de rouvrir si on se rend compte que l’on a fait une erreur », avait averti Pierre-Jean Rochette, conseiller et maire de Boën-sur-Lignon. C’était lors de l’assemblée départementale du mois de mars, tandis que l’on votait la contribution financière du Département au Syndicat de gestion de l’aéroport de Bouthéon dont il est principal acteur, juste après Saint-Etienne Métropole. Alors que les vols charters reprennent place sur le tarmac stéphanois depuis le printemps dont un qui partira vers la Grèce demain, Stéphanie Manuguerra, directrice de l’aéroport Saint-Etienne Loire plussoie : « Il n’y a qu’à voir aujourd’hui comme on regrette d’avoir fermé de nombreuses petites gares qu’on ne peut pas rouvrir. » Pour ne pas voir la structure fermer ses portes, il a donc fallu mettre en place une stratégie adaptée au territoire.

Exit la CCI

Pour ce faire, une nouvelle gouvernance a été mise en place et le Syndicat mixte a repris l’exploitation de l’aéroport de manière directe depuis 2021. « C’est une manière de pouvoir conduire le projet qu’il souhaitait pour l’aéroport de façon à faire coller au mieux cet outil avec les besoins du terrain », explique Stéphanie Manuguerra. Dans un post publié hier sur les réseaux sociaux, Gaël Perdriau y va plus fort : « Le conseil d’administration a décidé d’être maître de son destin en gérant l’exploitation en propre (avec un conseil d’exploitation dont la présidence est confiée à François Driol) et de ne plus le déléguer à la CCI comme c’était le cas depuis des années, avec une gestion très aléatoire. » Le décor est posé. Car entre l’arrêt du low-cost en 2017, et cette année, il ne s’est pas passé grand-chose à Bouthéon, si bien que l’on pensait l’aéroport arrivé en bout de piste.

5 vols commerciaux en 2024

Ainsi, le Département avait prévenu au printemps qu’il ne financerait pas ad vitam æternam. Alors, quatre à cinq volets ont été identifiés pour sauver l’aéroport stéphanois. A commencer par l’aviation commerciale qui a fait son retour depuis le printemps. « Et l’offre continue avec un départ samedi dernier de 160 personnes vers Rhodes, ainsi que demain, précise la directrice. Ce sont les balbutiements d’un redémarrage avec une volonté de travailler avec les agences de voyages locales ». En effet, un tour-opérateur a approché la direction pour proposer des départs depuis Saint-Etienne et c’est ainsi que plusieurs vols sont partis de Bouthéon cette année. Des offres qui comprennent donc le vol et l’hôtel. « Le dernier départ a été vendu dans les agences locales en trois semaines, nous n’avons pas eu le temps de mettre des affiches pour en faire la promotion. Cinq nouveaux voyages vers Rhodes et la Crète sont prévus en 2024, plutôt au printemps ». Et des discussions sont également en cours pour travailler avec d’autres tour-opérateurs.

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©JT/ If Saint-Etienne.

Pas de soutien pour le low cost

La directrice dit ne pas exclure le retour des lignes régulières, mais que cela nécessite un travail de longue haleine pour analyser des besoins qui se dirigeraient essentiellement vers les transversales, mal desservies par le train. « Ça n’a pas de sens d’opposer le train et l’avion, ce sont deux modes de transports qui peuvent être complémentaires ». Le tissu économique est ainsi consulté avant d’aller voir les compagnies avec les conclusions sur ces besoins. Par ailleurs, concernant les compagnies low cost, Stéphanie Manuguerra explique : « Nous n’y sommes pas fermés bien sûr, mais ils ne seront pas financés par de l’argent public. Croire que l’on peut acheter un billet d’avion à trente euros pour se rendre dans une capitale européenne ce n’est économiquement pas possible. Par exemple, on peut tout à fait réenvisager le Portugal, mais sans soutien financier majeur sur le long terme. » Ainsi, les élus ne sont pas contre apporter une aide au démarrage, comme une notion de partage des risques, mais ils n’iront pas au-delà.

Se diversifier pour vivre

Puis il y a l’aviation d’affaire, avec une fréquentation assez importante de ces vols à Bouthéon. « L’idée est d’offrir la possibilité aux entreprises de pouvoir aller vite partout grâce à un avion basé à Saint-Etienne et nous avons pas mal avancé de ce côté. Nous avons déjà une compagnie qui vient régulièrement et on espère en avoir une sur place d’ici la fin de l’année avec un pool d’industriels qui travaille ensemble pour concrétiser ce projet ». Aussi, la sécurité civile et sanitaire est un pan important de l’activité aéroportuaire stéphanoise. « Nous travaillons depuis des années avec le Sdis 42 et on tend vers un renforcement de cet outil avec un risque de feux de forêt qui s’accroît de plus en plus. » C’est également par ce biais que se pratique le transport d’organes. « La stratégie aujourd’hui c’est de se dire que l’outil existe et qu’on ne peut pas avoir une seule vocation, il faut que l’on diversifie les usages, que l’on puisse exploiter cet aéroport dans toutes ses fonctionnalités. » La structure conserve évidemment son activité liée à l’entraînement et à la formation des pilotes.

« Croire que l’on peut acheter un billet d’avion à trente euros pour se rendre dans une capitale européenne ce n’est économiquement pas possible. »

Stéphanie Manuguerra, directrice de l’aéroport Saint-Etienne Loire.

Place au foncier

« On a un tissu industriel, économique et de population qui permet d’avoir un aéroport à sa taille, connecté aux besoins du territoire. Quand on regarde à 30-45 minutes alentours, la zone de chalandise est conséquente. Il faut redonner de la crédibilité à l’outil, redonner confiance progressivement. » Le dernier volet sur lequel le syndicat souhaite travailler est le foncier, avec près de huit hectares mobilisables connectés ou connectables à la piste. Ainsi, il aimerait pouvoir y recevoir des activités économiques en lien avec l’activité aéroporturaire. Avec à sa tête, une directrice lucide : « L’aéroport a toujours été un sujet polémique, d’autant plus aujourd’hui avec les problématiques environnementales, mais comme tout secteur, il fera sa mue, les nouveaux appareils électriques vont arriver. Au départ, ils ne feront pas 10 000 km, peut-être 500, mais ça arrivera. »

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