Sans eux, les pèlerinages, qui ont le vent en poupe ces dernières années, pourraient tourner rapidement au fiasco… Eux, ce sont les hébergeurs des dizaines de milliers de marcheurs qui se lancent chaque année sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce secteur clé de l’économie touristique en Haute-Loire tente de s’adapter aux nouveaux profils et usages. L’aspect spirituel est bien sûr toujours présent, mais de nombreux randonneurs partent plutôt dans une quête plus personnelle. Fini (ou presque) le cliché des pèlerins entassés dans les dortoirs ou à bivouaquer aux abords des GR. Si les adeptes du Donativo sont bien toujours de la partie, ils ne représentent aujourd’hui qu’une partie des marcheurs. Les « nouveaux pèlerins » font désormais appel aux agences de voyages qui réservent gîtes, hôtels ou encore chambres d’hôtes qui semblent manquer à l’appel sur les tronçons les plus fréquentés du département en raison d’un impressionnant boom touristique depuis ces dernières années.
Pour certains randonneurs, les demandes sont devenues plus pointues : wifi, chambre individuelle ou restauration raffinée. Les professionnels doivent donc s’adapter à ces changements. La maison d’hôte Le Clos des pierres rouges, qui termine sa 14e saison sur la commune de Saint-Privat-d’Allier, en est le parfait exemple. Ici, on y propose « confort et raffinement dans un écrin de verdure à la croisée des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle ». Après la journée sur le chemin, le pèlerin trouve ici des prestations de très bon standing avec même un sauna.
« Depuis l’après Covid, notre clientèle est passée de 30 à 60 % de randonneurs. Avec les années, leurs attentes ont évolué. Certains veulent bien faire 25 kilomètres tous les jours, mais le soir, ils veulent absolument du confort : une douche privative, un bon matelas, un bon repas… C’est pour cela que nous nous sommes positionnés sur cette demande-là ».
Thierry Grumelart (le propriétaire de l’établissement)
Le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle est désormais l’affaire de toutes les bourses et de toutes les envies. Un concept qui n’échappe pas aux professionnels et à la politique touristique en Haute-Loire qui comptent bien surfer sur la vague en développant des offres complémentaires pour mieux coller aux attentes des marcheurs.
« Au départ, les agences de voyages travaillaient uniquement sur des gîtes avec chambres communes ou dortoir, puis elles se sont aperçues qu’il y avait une demande pour plus de confort, rajoute Thierry Grumelart. Pour moi le vrai pèlerin, c’est simplement celui qui met ses pas derrière celui qui est passé avant lui. Le reste est accessoire et n’est juste qu’une question de moyen et de vision. »
Dans cette année record, certains jours de forte affluence, la commune de Saint-Privat-d’Allier n’a d’autres choix que d’ouvrir sa salle des fêtes pour accueillir les randonneurs qui n’ont pas trouvé d’hébergement.
« Les gens veulent du confort, des produits locaux et du bien-être »
« Vous savez, on a de moins en moins de pèlerins à démarche religieuse, mais plus de personnes qui souhaitent se vider la tête. Les gens veulent du confort, des produits locaux et du bien-être. C’est une autre démarche », lâche Hélène du gîte de la Cabourne. Ici on y propose une double formule : dortoir et chambres privatives. Australie, Amérique, Belgique, Allemagne, Canada ou encore Nouvelle-Zélande… Hélène et son équipe constatent un retour en force des étrangers depuis ces dernières années qui débarquent dans son établissement par le biais des agences de voyages.
S’il faut bien faire le distinguo entre les pèlerins et les randonneurs, tous ces marcheurs se retrouvent finalement à arpenter les mêmes chemins, chacun à leur façon. Reste aux professionnels de s’adapter à ces « nouveaux pèlerins ».
Christophe Coffy
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