Petites affaires familiales au départ, des dizaines d’entreprises de la Loire ont grossi au fil des décennies, parfois au gré de rachats et transferts, et survécu aux crises économiques et aux affres du temps.
Dans la Loire, leur secteur d’activité fut souvent le fleuron de l’industrie locale. Le textile et la rubanerie, mais aussi l’armurerie et l’armement, comptent ainsi plusieurs entreprises créées au siècle dernier (ou celui d’avant). Et, si toutes n’ont eu de cesse d’innover pour rester dans la course, les secrets de leur longévité ne sont pas toujours les mêmes.
Thuasne et Gibaud : du ruban au textile médical
Thuasne (Saint-Etienne), Gibaud (Saint-Etienne) et Richard Frères (Saint-Genest-Lerpt) ont toutes trois choisi de prendre le virage du médical.
En 1847, ce qui deviendra Thuasne est ainsi une entreprise spécialisée dans le négoce de rubans fabriqués à Saint-Etienne. Ce n’est qu’entre les deux guerres que Maurice Thuasne s’oriente vers le textile médical et sportif (orthèses, bas de contention, dispositifs anti-oedèmes, etc). L’entreprise se développe ensuite à l’international dès 1984, créant des filiales et rachetant des sociétés étrangères (Belgique, Espagne, Japon, Allemagne, Etats-Unis, Grande-Bretagne, etc).
Dans le même secteur d’activité, Gibaud, fabricant de rubans et passementerie à Saint-Etienne en 1890, s’est fait connaître bien plus tard grâce à la ceinture qui porte son nom, avant d’élargir sa gamme aux produits orthopédiques, de compression, aux orthèses et même aux chaussures. En 2020, l’entreprise a même été rachetée par le groupe pharmaceutique Innothera, le propulsant champion français des dispositifs médicaux.
De son côté, Marcoux-Lafay, à Sainte-Agathe-la-Bouteresse, a toujours porté haut l’étendard du « made in France ». Âgée de 102 ans, l’entreprise, qui tricote des textiles techniques destinés aux dispositifs médicaux, a cependant été cédée en 2021 au petit groupe textile MLT.
Julien Faure investit le marché du luxe
Autre spécialiste du ruban, Julien Faure (Saint-Just-Saint-Rambert) a orienté sa stratégie vers le marché du luxe. Depuis 1864, il conçoit et produit des rubans qui, aujourd’hui, habille les vêtements Chanel, Hermès, Gucci ou Prada.
Sa force, il la tient de son expérience, selon Julien Faure, le Pdg de l’entreprise qui porte son nom mais créée par son aïeul en 1864 : « Notre expertise, c’est aussi celle de notre expérience. Et c’est ce que cherchent ces grandes marques. On donne une histoire à leurs produits. Celle d’une filière française, ancienne et artisanale. »
Nexter, Micholet, Dervaux, Pichon : ils ont recentré leur activité…
Dans le secteur de l’armement, Nexter a traversé les décennies avec brio. L’entreprise roannaise est un descendant de L’Arsenal, créé pendant la Grande Guerre, en janvier 1917, pour augmenter la fabrication d’obus et de canons de gros calibre. Devenue Giat-Industrie dans les années 1990, elle est renommée Nexter en 2006.
Après avoir fabriqué des tracteurs, des machines-outils et même des bicyclettes, l’entreprise s’oriente alors vers les blindés légers et les canons Caesar (ceux qui ont été livrés à l’Ukraine).
Éviter de trop se disperser, c’est aussi ce qu’a fait Micholet Métallerie (née en 1890 à Saint-Galmier). Œuvrant à l’origine dans les secteurs de la serrurerie, de la métallerie et de la réparation de machines agricoles, l’entreprise ne se consacre aujourd’hui qu’à la métallerie (dans le bâtiment pour les industries) et a racheté la Stéphanoise Batim’Alu en 2021, pour pouvoir travailler sur de plus gros projets.
L’entreprise Dervaux (installée au Chambon-Feugerolles depuis cent ans) s’est aussi tournée vers un marché très spécifique. La boulonnerie des débuts s’est en effet fait un nom dans le domaine de la fabrication d’accessoires pour les lignes électriques.
Pichon Mécanique (qui fête ses 100 ans cette année à Saint-Chamond) a quant à elle décidé de voir plus grand : elle a délaissé l’usinage des petites pièces au profit de pièces de très grandes dimensions, pour des clients de l’aéronautique, du nucléaire, de la défense ou encore de l’industrie plastique.
… alors que Rivolier jongle avec plusieurs marchés en même temps
Rivolier, créé en 1830 à Saint-Just-Saint-Rambert, a fait le contraire. Le fabricant d’armes et de cycles du début s’est au fil du temps diversifié pour constituer un pôle nature, lançant des produits pour la pêche ainsi que des produits pour animaux domestiques, grâce à plusieurs reprises d’entreprises. Autres cordes à son arc : la sécurité et la défense (menottes, pistolets, chaussures pour la gendarmerie et la police) et le médical (équipement intérieur des ambulances et pôle avancé de réanimation).
Verney-Carron veut se relancer grâce au design
Récemment, Rivolier s’est rapproché d’une autre entreprise ligérienne, plus que centenaire elle aussi : Verney-Carron, le plus ancien manufacturier d’armes français. L’entreprise est née en 1820, alors que Louis XV avait fait de la ville de Saint-Etienne la « manufacture royale » en 1764.
En plus des armes de petit calibre, l’entreprise familiale est contrainte de se diversifier après le krach de 1929 et de lancer dans la distribution des articles de pêche et de tennis et la fabrication (temporaire) de bicyclettes. Elle devient à partir de 2002 une référence pour les chasseurs, proposant, en plus des fusils, des vêtements et des accessoires de chasse.
Depuis, Verney-Carron a axé sa stratégie sur le design. Après avoir perdu le marché du ministère de l’Intérieur pour les Flash-balls puis souffert des fermetures de commerces lors de la crise Covid, Verney-Carron a été placée en procédure de sauvegarde en septembre 2021. Elle a été reprise l’année dernière par le groupe CyberGun, spécialisé dans la réplique airsoft d’armes, désormais actionnaire majoritaire. Et vient de décrocher un contrat-cadre de fourniture d’armes à l’Ukraine, pour un montant de 36 millions d’euros.
Et, dans ce domaine des armes, comment parler des entreprises centenaires de la Loire sans évoquer Manufrance ? Si elle a aujourd’hui perdu de sa splendeur, après avoir commencé par vendre des armes en 1873, puis avoir été pionnière de la vente par correspondance, la marque existe toujours.
Moderniser sans cesse l’outil de production : l’exemple de Linder
Nombre d’entreprises, pour rester dans la course, investissent régulièrement dans leur outil de production, gage d’un produit de qualité et à la pointe de la technologie. C’est le cas de Linder (née en 1904 à Violay), qui tisse et teinte des voilages, rideaux, nappages, housses de coussins expédiés dans le monde entier.
Dans un tout autre secteur, celui de la forge et de la chaudronnerie, Boccard au Coteau (née en 1937) et SBS Forge à Boën-sur-Lignon (anciennement Moizieux, née en 1889) ont régulièrement investi pour renouveler leur outil de production.
Quant aux Bennes Marrel (nées en 1919 à Saint-Etienne, avant de déménager à Andrézieux-Bouthéon), c’est dans leur nouveau siège qu’elles ont consacré 3 millions d’euros, en 2019.
Toujours innover, comme Sam Outillages
C’est sans doute le leitmotiv commun à toutes ces centenaires : ne jamais cesser d’innover, pour ne pas se laisser dépasser par la concurrence, comme Sam Outillage (à Saint-Etienne depuis 1906), qui conçoit et fabrique des outils pour l’automobile et l’aviation de plus en plus techniques et technologiques.
Déjà, l’an dernier, l’entreprise a aménagé son « Sam fab », un atelier 4.0 où sont fabriqués ses outils connectés. Dernière innovation en date : l’entreprise va ouvrir, début 2024, la Sam Academy à côté de son site historique. Elle permettra de former les utilisateurs et les distributeurs à l’utilisation de ses outils mais aussi de co-développer les outils de demain.
Le chocolat : l’autre or noir du bassin stéphanois
Weiss, Coulois, Chocolat des Princes… Ces chocolateries stéphanoises, nées en 1882, 1820 et 1897, existent toujours. Car le chocolat fut, dès le XVIIIe siècle, l’autre or noir du bassin stéphanois, grâce à des fèves de cacao transportées par bateau sur la Loire depuis Nantes.
Au moins 70 chocolateries ont ainsi été créées sur le secteur. Même si, aujourd’hui, il n’en perdure que quelques-unes.
Des boissons et des céréales aussi
Et puis, il y a les « Ovnis » de l’économie ligérienne. Des entreprises relevant de secteurs d’activité peu présents dans le département mais qui ont su se faire une place sur le marché national voire international.
C’est le cas de Favrichon, créée en 1890 et spécialiste des céréales et mueslis bio à Saint-Symphorien-de-Lay, et de Souchon Boissons Services, née en 1922, installée à La Ricamarie et qui distribue des boissons aux bars, restaurants et discothèques.
Le groupe Casino, un centenaire dans la tourmente
C’est sans doute la plus connue des entreprises ligériennes. Elle a marqué de son empreinte l’histoire de Saint-Etienne, en particulier celle de son équipe de foot, l’ASSE.
Mais depuis quelques années, Casino est dans la tourmente. Preuve que, en matière d’économie, être centenaire n’est pas un gage de réussite éternelle…
L’histoire avait pourtant bien commencé, en 1860, quand ouvre une première épicerie dans le centre-ville stéphanois (à la place du Casino lyrique, aujourd’hui la librairie Forum). Geoffroy Guichard en devient l’unique propriétaire en 1892. Six ans plus tard, en 1898, naît la Société des magasins Casino et établissements économique d’alimentation, puis la toute première marque de distributeur de France, en 1901.
S’enchaînent alors les ouvertures d’usines de fabrication des produits de la marque Casino et de nombreux magasins, supermarchés et hypermarchés, en France puis dans le monde.
Criblé de dettes
Fusion avec le groupe Rallye en 1992, prise de participation chez Monoprix-Prisunic en 1996, acquisitions de Franprix et Leader Price en 1997, reprise de Spar en France la même année, puis de Vival en 1998, et d’enseignes en Uruguay, en Argentine, au Brésil… L’activité est florissante. Jusqu’en 2019 et la demande de placement en procédure de sauvegarde.
Car le groupe de distribution stéphanois vit des heures difficiles. Prix trop élevés sur un marché très concurrentiel, crise sanitaire, inflation des produits alimentaires ont eu raison de l’essor du groupe, qui emploie 50 000 personnes en France et 200 000 dans le monde.
Il est criblé de dettes et est entré dans une procédure de conciliation pour renégocier sa dette avec ses créanciers, cédant au passage les Leader Price à Aldi et 61 points de vente Casino à Intermarché.
Le duo de milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière est cependant candidat à la reprise du groupe.
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