Haute-Loire Il y a 60 ans, les paysans en colère engageaient la grève du lait

« La guerre du lait est déclarée sur la commune de Bellevue-la-Montagne, en Haute-Loire. Et la colère gronde de hameaux en hameaux où les bidons de lait demeurent vides depuis vendredi dernier. Il est possible que le mouvement s’étendent à d’autres communes d’ici quelques jours ». Le mercredi 19 juin 1963, La Tribune – Le Progrès se fait l’écho de la protestation engagée par quelques éleveurs de la commune de Bellevue… Sans savoir que ce mouvement va très vite s’amplifier pour contaminer toute la Haute-Loire.

4 centimes qui font la différence

Tout part d’une réunion de négociation au début du mois pour fixer le prix du lait. Industriels et paysans s’entendent sur un prix de 0,40 franc le litre. « Mais les industriels ne payeront que 0,36 franc, le reste étant réglé sur les mois d’automne et d’hiver ». Hors de question pour les éleveurs de Bellevue-la-Montagne qui sont les premiers à réagir et déclenchent la grève du lait.

Dans cette commune, en juin 1963, quatre industriels se partagent le marché. Ils collectent quotidiennement entre 2000 et 3000 litres de lait auprès de quasiment deux cents producteurs.

« Nous tiendrons dix ans s’il le faut », déclare, déterminé, Paul Dessimond, un agriculteur de la commune ancien secrétaire administratif du syndicat agricole. Il évoque aussi les chiffres : « A 0,40 franc le litre, le lait nous est déjà très mal payé. En 1905, nous vendions le lait 0,20 franc. Avec cette somme, nous achetions quatre journaux et, pour aller en dilligence de Bellevue-la-Montagne au Puy, nous payions 0,60 franc ». Or, avec 0,40 franc, en 1963, on ne parvient même pas à acheter deux numéros de La Tribune – Le Progrès, vendu 0,25 franc l’unité.

A défaut de livrer leur lait, les paysans de Bellevue-la-Montagne s’organisent. « La plupart l’écrèment et font du beurre. Il va y avoir du beurre, samedi prochain, sur le marché de Craponne  ! Les autres vendent la crème ».

Sept camions de collecteurs de lait ont été bloqués entre Jabier et Freycenet. Photo archives La Tribune - Le Progrès

Sept camions de collecteurs de lait ont été bloqués entre Jabier et Freycenet. Photo archives La Tribune – Le Progrès

 Comme le lait sur le feu…

Très vite, la grogne se propage à travers toute la Haute-Loire. Le mercredi 19 juin 1963, dans la commune de Saint-Christophe-sur-Dolaizon, sept camions de collecteurs de lait sont immobilisés pour la deuxième journée consécutive au milieu d’un barrage de douze tracteurs. Ils contiennent 13 000 litres de lait. Le lait, resté en pleine chaleur, est en train de tourner. « Ils ne sont pas pressés ? Nous non plus. Mais dites bien dans votre journal que nous demandons 0,40 francs du litre. Pas moins », peste un agriculteur sur le coudert du hameau de Jabier.

Le même jour, des barrages se mettent en place à Bains (deux camions de collecte bloqués devant la mairie), à Cayres (deux camions également), au Brignon, à Sanssac-L’Eglise… C’est encore pire le lendemain, jeudi 20 juin 1963, avec cinq camions interceptés à Saint-Paulien et d’autres stoppés du côté de Cordes (commune de Bains) et de Chaspuzac. Des barrages se mettent aussi en place à la sortie de Langeac, en direction de Pinols. « Ces captures de camions jusqu’à présent se sont déroulées sans incident », relève notre jounal dans son édition du vendredi 21 juin 1963. « Cependant, des quantités de lait assez importantes seraont perdues du fait des obstructions ».

La FDSEA prévient également par voie de communiqué : « restez calmes et vigilants. De la fermeté de votre attitude dépend le succès ».

Un accord à 0,38 franc au lieu de 0,40

A l’issue du week-end, la deuxième entrevue de négociation échoue : les manifestants reçoivent l’ordre de libérer les camions de collecte mais la FDSEA appellent tous ses adhérents à rejoindre la grève du lait qui, à cette heure, ne concerne qu’une partie du territoire situé à l’ouest et au nord du Puy-en-Velay. L’ébulition ne sera finalement stoppée que le mercredi 26 juin 1963 avec un accord accepté par plusieurs industriels : ce sera 0,38 franc le litre, avec rattrapage des deux centimes manquant en automne et en hiver.

Mais les agriculteurs préviennent : cette grève du lait inédite est un sévère avertissement dans une situation qui reste bouillante.

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