Hausse des coûts de production, exigences des nouvelles normes, augmentation des taux d’intérêts d’emprunt, le secteur de la construction voit arriver une période sombre et craint de nombreuses suppressions d’emploi dans ce secteur qui affiche déjà un ralentissement.
C’est un discours déjà entendu qui revient en cet été 2023. Le bâtiment redouterait une crise majeure avec une baisse des commandes engagée.
Déjà, en 2021, on entendait la fédération régionale du bâtiment s’inquiéter d’un niveau de carnet de commandes insuffisant. Impacté comme d’autres par la crise sanitaire, ce secteur se plaignait de la frilosité des élus « s’interrogeant sur la nécessité de construire. »
Et, partant d’un constat peu engageant pour l’avenir, la FFB des Pays de la Loire, réclamait un assouplissement des réglementations environnementales accusées d’ajouter aux difficultés du moment.
Deux ans plus tard, le discours n’a pas changé et s’est même enrichi d’arguments supplémentaires pour alerter sur une crise à venir que l’on pressent comme majeure.
Si l’on reconnait que la crise sanitaire a eu pour effet dans un second temps de provoquer une affluence de nouveaux arrivants dans la région des Pays de la Loire, avec des projets immobiliers, on se trouve aujourd’hui avec de nouvelles données aussi bien nationales que mondiales qui plombent les espoirs d’une reprise de l’activité.
« Les carnets de commandes commencent à s’essouffler. 2024/2025 vont être des années compliquées. »
Hélène BourcierPrésidente de la Fédération Française du Bâtiment pour les Pays de la Loire
La pénurie des matériaux et avec elle la flambée des prix, donc des coûts de construction, la crise en Ukraine, la hausse des taux d’intérêt, tout cela est pointé du doigt pour expliquer une situation jugée inquiétante par différents acteurs du secteur.
« De mai 2022 à avril 2023, il y a eu 266 000 logements autorisés (à la construction). Soit une baisse de 26% par rapport aux 12 précédents mois » expose Hélène Bourcier, la toute nouvelle présidente de la Fédération Régionale du Bâtiment en Pays de la Loire.
Outre les arguments exposés plus haut, Hélène Bourcier ajoute le renforcement des règles d’octroi d’emprunt.
« Les primo-accédants n’ont plus accès ou très peu à l’accession, dit-elle. Les investisseurs sur du locatif se trouvent pénalisés également. »
Pointée du doigt déjà en 2021, la nouvelle réglementation dite RE 2020, destinée à diminuer l’impact des bâtiments neufs sur le réchauffement climatique et à améliorer leurs performances énergétiques, est toujours dans la ligne de mire de la profession.
« Le RE 2020 entrainait des façons de construire plus onéreuses, constate Hélène Bourcier. Beaucoup de permis de construire avaient été déposés pour bénéficier de l’ancienne réglementation mais on arrive au bout de ces projets. »
On pourrait objecter que les exigences environnementales ont aussi généré de l’activité dans le secteur de la rénovation, pour, justement, améliorer l’existant. Mais, pas suffisamment semble-t-il.
« L’activité du neuf représente la moitié de l’activité dans le bâtiment. L’autre moitié étant la rénovation, détaille Hélène Bourcier. Mais il y a un soutien de l’Etat (pour la rénovation) qui n’est peut-être pas au niveau des besoins. »
« Une crise, ça entraine des destructions d’emplois. Des gens vont quitter la profession et ne reviendront peut-être pas après. »
Hélène BourcierPrésidente de la Fédération Française du Bâtiment pour les Pays de la Loire
Enfin, la fin du prêt à taux zéro et celle annoncée de la loi Pinel accordant un crédit d’impôt aux investisseurs dans le locatif.
« On n’a aucune politique de soutien de la part de l’Etat » déplore la présidente de la fédération régionale du bâtiment.
Cette baisse d’activité sur la construction de logements neufs, individuels et collectifs, inquiète également la fédération des promoteurs immobiliers Pays de la Loire qui reprend mot pour mot l’argumentaire et les craintes de la fédération du bâtiment.
« On voit que nos ventes sont en train de baisser fortement » confirme Patrick Pailloux, Délégué Régional de la Fédération des Promoteurs immobiliers Pays de la Loire.
Selon ses chiffres, on constate une baisse de -33% au premier trimestre 2023 sur la mise en vente de biens immobiliers neufs en Pays de la Loire.
Les investisseurs se font plus réticents, ce qui freine certains projets immobiliers. Les phases de pré-commercialisation ne font pas suffisamment le plein et les banques hésitent à suivre et à accorder le GFA, la garantie financière d’achèvement, indispensable pour tout projet immobilier à usage d’habitation.
« La promotion privée impacte l’activité de la construction, des bureaux d’étude, des architectes. La profession devra se réinventer, prévient Patrick Pailloux. On va devoir trouver des solutions pour réduire les coûts. »
Les solutions, selon Patrick Pailloux, pourraient passer par une remise en question des normes de construction.
« Faut-il que tous les logements disposent d’un stationnement ? Notamment lorsque vous êtes près des transports en commun ? » s’interroge le patron de la Fédération des Promoteurs immobiliers Pays de la Loire.
Les exigences architecturales, environnementales, sociales pourraient être rediscutées selon lui. Mais on a un peu le sentiment d’ouvrir une boîte de Pandore.
Clairement, les normes environnementales, dont l’objectif de la zéro artificialisation nette d’ici 2050, ajoutent aux difficultés conjoncturelles du secteur du bâtiment. Comme souvent dans le contexte actuel, deux visions s’opposent.
« Les territoires vont avoir plus de difficultés à loger les gens et par ricochet, ça va gêner le développement économique par des salariés qui n’arrivent pas à se loger. »
Patrick PaillouxDélégué régional de la Fédération des Promoteurs Immobiliers
Selon la Fédération du Bâtiment, ce secteur emploie 100 000 personnes en Pays de la Loire, mais selon le GIEC, l’activité du bâtiment représente 38% des émissions de gaz à effet de serre.
« On a besoin de loger nos concitoyens, on a besoin de loger les salariés » fait valoir Patrick Pailloux.
« Il y aura dans un premier temps une baisse d’activité, des entreprises risquent de faire faillite » prévient la présidente de la Fédération Régionale du Bâtiment. « On n’y est pas encore » ajoute-t-elle.
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