Dans un contexte économique où chaque euro compte, l’énergie est devenue une question cruciale pour de nombreux ménages. Guerre en Ukraine, inflation et autres tensions sur les marchés… depuis deux ans, le prix des énergies (gaz, fioul, bois) ont explosé. Se chauffer est devenu un véritable casse-tête pour bon nombre de familles.

Sept centimes d’économie par litre

Pour y remédier, certaines communes agissent et ont mis en place des commandes groupées de fioul pour les habitants afin de réaliser des économies. C’est le cas de la commune de Monlet qui a adopté ce système voilà deux ans, avec succès. « Nous avons environ une vingtaine d’habitants qui commandent par ce biais », détaille le maire Michel Dessimond. Près de 20.000 litres sont livrés chaque année. Le principe de départ est simple : la municipalité fait le tour des habitants de la commune pour connaître les personnes intéressées avant d’organiser une livraison.

Pionnière de ce dispositif, Chaspuzac s’est lancée dans l’aventure en 2008. « Nous avions voulu agir pour donner un coup de pouce aux familles en difficultés », explique Andrée Vidal, de la commission Action sociale de la commune. Trois livraisons sont proposées chaque année. En 2023, environ 40.000 litres de fioul ont été livrés, dont 8.400 en octobre, une livraison qui est d’ordinaire organisée un mois plus tard. « Avec les événements au Moyen-Orient, nous avons décidé de l’avancer pour ne pas voir les prix s’envoler. » Cette fois-ci, le litre s’est établi à 1,30 euro, alors que la moyenne nationale à ce moment-là était de 1,37.

Les distributeurs pas fans du système

Une économie de 7 centimes par litre qui n’est pas négligeable sur la facture finale. Au Chambon-sur-Lignon, la commune a réussi, avec un nombre d’acheteurs plus important, à passer sa commande pour 1,16 euro le litre, au terme d’une belle négociation.

Si le système est avantageux pour les particuliers des communes concernées, les distributeurs sont en grande majorité peu adeptes de ce dispositif. « On comprend que cela se fasse, car tout le monde fait attention à ses dépenses, mais pour nous, ce n’est vraiment pas l’idéal », explique Nicolas Vincent, de l’entreprise Vincent Combustibles. Pour lui, le principal problème se situe dans la fluctuation importante des prix. « Quand on répond à un appel d’offres, on donne un montant et une semaine plus tard, il peut être complètement différent », explique le distributeur.

Conséquence, selon les professionnels, certaines distributions peuvent ne plus être rentables pour eux. S’il partage cet avis, Alexandre Rancon de la société 3C Combustibles à Tence, voit un avantage à ces commandes groupées. « Elles nous permettent de livrer beaucoup de clients en peu de temps et sur une petite zone géographique : c’est d’ailleurs pour cela qu’on fait des réductions », explique le professionnel qui pratique généralement des remises de trois ou quatre centimes au litre.

Pour les granulés, toutes les commandes ne se valent pas

Photo d’illustration.
Il n’y a pas que le fioul qui fait l’objet de commandes en groupe.

La municipalité du Chambon-sur-Lignon a lancé, par le biais de son CCAS, une commande groupée pour les granulés de bois, ouverte aux habitants de la commune. « Voilà deux ans que nous avons ouvert ce système pour les granulés face à l’explosion des utilisateurs. On s’est dit que ce serait bien que beaucoup profitent de tarifs qui restent très intéressants » explique Sandra Picot, adjointe. « Ces commandes groupées rencontrent toujours un succès phénoménal !  », ajoute l’élue.

Moulin bois énergie, la société retenue, propose une palette de granulés en sac à 480 € livrée. La tonne de granulés en vrac est, elle, à 434 € livrée par camion souffleur, avec a minima 3 tonnes.

Chez Moulin bois énergie, on met en garde contre un des propositions de commandes groupées sur internet. Pléthore de sites marchands proposent des granulés à des prix défiant toute concurrence. Ces derniers mois, des consommateurs ont été victimes d’arnaques. Certains n’ont jamais reçu leur commande, d’autres ont reçu des pellets de très mauvaise qualité, voire se sont fait voler des informations personnelles, numéro de carte, etc.

Une demande stable pour le bois

Méthode de chauffage très utilisée en Haute-Loire, le bois est de plus en plus prisé dans le contexte de flambée des prix du gaz et du fioul. Cette année, la demande reste plutôt stable. L’automne doux a permis de maintenir les stocks en état puisque peu de particuliers ont mis en route leurs chauffages. Les réserves sont pourtant plutôt faibles sur le département « Nous n’avons pas beaucoup de parcelles sur lesquelles nous pouvons nous positionner et à cela il faut ajouter la concurrence des acheteurs du sud, qui viennent jusqu’ici », détaille Jean-Paul Reynaud, vendeur de bois au Monastier-sur-Gazeille.

Avec ce phénomène, les prix ont légèrement augmenté cette année et le bois se vend entre 75 et 80 euros la stère, contre 68 euros il y a un an et demi. « Les acheteurs du sud viennent avec un plus gros portefeuille car là-bas, le bois est plus cher que chez nous. Ils font grimper les prix. »

Guillaume Chorin

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