Pour faire sa rentrée politique, ce jeudi 24 août, Bruno Le Maire a choisi des territoires montagneux qu’il connaît bien : la vallée de Thônes, au-dessus d’Annecy, en Haute-Savoie, à quelques encablures de Chamonix où il a passé des vacances calmes et familiales comme il a veillé à le montrer sur les réseaux sociaux en se montrant en pleine nature après une randonnée ou à une table, lisant des notes. Des images sobres, destinées à nourrir l’image d’un personnage authentique, loin de l’agitation parisienne.
Vers une forme d’austérité
Ce temps estival, loin de l’actualité, Bruno Le Maire l’a mis à profit pour bâtir « les priorités économiques de la rentrée » qu’il dévoile ce jeudi. Depuis quelques mois, le ministre de l’Economie prépare les esprits sur la nécessité de rétablir les finances publiques. La dette de la France dépasse les 3 000 milliards d’euros, les taux d’intérêt s’envolent, l’agence Fitch a dégradé la note de la France : il y a urgence à abandonner « le quoi qu’il en coûte ». Exit le bouclier sur les prix de l’énergie, place à une potion plus amère pour les ménages comme pour les entreprises.
Même si ce mercredi 23 août sur France Bleu, Elisabeth Borne s’est voulue rassurante en martelant « qu’il n’est pas question d’augmenter les impôts des ménages », le super plan Marshall de plus de 2 milliards d’euros de baisses, promis par l’exécutif, il y a encore quelques mois, a fait « pschitt ». Place aux restrictions sur les dépenses de santé, sur les aides à l’emploi… Ainsi, les médicaments risquent d’être moins bien remboursés comme l’a laissé entendre Elisabeth Borne ce mercredi, les niches fiscales rabotées, les taxes sur les billets d’avion augmentées….
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Les arbitrages ne sont pas tous rendus, mais le message est clair : il faut se serrer la ceinture. Pas facile quand l’inflation fait chauffer le coût de la rentrée scolaire et que les prix des carburants repartent à la hausse.
A charge donc pour Bruno Le Maire de faire preuve de pédagogie pour convaincre l’opinion que le gouvernement reste soucieux de leur pouvoir d’achat. « Après le long conflit social sur les retraites, qui a pourri le début du second quinquennat, pas question d’allumer un nouvel incendie social » , juge un ministre.
La fin de la lune de miel avec le patronat
D’autant plus que du côté des entreprises, les patrons grincent des dents. Et pour cause : le budget 2024 devrait étaler sur plusieurs années la suppression de la CVAE, la contribution sur la valeur ajoutée, alors que l’exécutif avait pourtant promis de supprimer cet impôt de production fin 2024. Bruno Le Maire s’apprête à affronter leur colère la semaine prochaine, lors de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), la traditionnelle université d’été du Medef où il se rendra mardi. Il sera en première ligne pour leur expliquer que le gouvernement ne dévie pas du cap économique qu’il s’est toujours fixé, que la politique de l’offre est maintenue, que l’exécutif est plus que jamais, à l’écoute des préoccupations des entreprises. Un exercice d’équilibriste face à ceux qui, jusqu’alors, faisaient partie de ses premiers soutiens.
Un discours fondateur
Alors qu’il visitera l’extension d’une usine de cuisine, à Thônes, ce jeudi, Bruno Le Maire entend insister sur la capacité de l’économie française à résister à la récession, à créer des emplois, à innover, à se réindustrialiser. « Il sera question de transition écologique, de compétitivité des entreprises françaises, de souveraineté, de confiance dans l’avenir et le progrès. D’Europe aussi », assure un proche. Le choix de ces vallées encaissées n’est d’ailleurs pas innocent. A deux pas de la Suisse et de l’Italie, ces territoires au coeur de l’Europe sont soumis à d’importantes transformations et concurrences : ainsi, les équipementiers automobiles présents doivent s’adapter à la fin du moteur thermique, quand les professionnels du tourisme et les professionnels de la montagne, eux, doivent se réinventer face au réchauffement climatique.
Vers une stature présidentielle ?
Mais, aux yeux de nombreux observateurs, cette allocution va bien au-delà d’un simple discours de rentrée et prend des accents de candidature pour 2027. Un scénario que dément son entourage, comme l’avait fait Bruno Le Maire en juillet dans Paris Match : « Ce n’est pas mon actualité, ni celle des Français ». Après plus de trente ans de carrière politique, l’intéressé connaît le risque de s’aventurer trop tôt sur ce terrain sensible. Dévoiler ses ambitions quatre ans avant l’échéance revient à briser le mystère. La perte d’élan peut être fatale. L’ancien ministre de l’agriculture de Nicolas Sarkozy en a fait la cruelle expérience en se lançant tôt dans la primaire de la droite en 2016. Il avait recueilli à peine 2,4% des suffrages.
Il n’empêche, comment ne pas songer à la succession d’Emmanuel Macron quand les jeux semblent ouverts et que, les prétendants laissent, eux, éclater leurs ambitions ? Édouard Philippe publie un livre à la rentrée. Gérald Darmanin fait sa rentrée ce week-end à Tourcoing après avoir accordé une interview au Figaro il y a plus d’une semaine. « Face à ces compétiteurs, Bruno entend montrer qu’il est celui qui incarne le mieux une candidature raisonnée, responsable, social-démocrate, ancrée dans la réalité du moment… » , glisse un membre du gouvernement.
Lors du dernier remaniement, le locataire de Bercy n’a pas caché sa satisfaction de rester placé dans l’ordre protocolaire devant le ministre de l’Intérieur. D’être maintenu au ministère des Finances, comme il le souhaitait. Ainsi pourra-t-il encore s’enorgueillir d’être celui qui détient le record de longévité à ce poste sous la Ve République. « Avec le Président et moi, nous sommes les deux seuls, qui n’avons pas changé de fonction », glissait-il à quelques proches, cet été.
Et tant pis, s’il n’a pas obtenu, comme il l’aurait voulu, les sujets d’énergie, qui reste chez Agnès Pannier-Runacher. « Son insistance aussi à ne pas aller à Matignon, pour ne pas s’user est aussi une façon de préserver sa dynamique pour 2027 », veut croire un grand patron.
Enfin, il y a tous ces petits détails que ceux qui le connaissent bien analysent comme des signes qui ne trompent pas : « Bruno ne cesse de répéter qu’il est l’un des ministres le plus connus de la macronie et surtout le plus populaire … », raconte un conseiller à Bercy. Certes, mais jusqu’à quand ?, s’interrogent, non sans malice, ceux qui militent dans les camps adverses. « Bruno a beaucoup joué au père Noël, en distribuant les chèques, les aides, les milliards d’euros que la France n’a pas… mais là, on va rentrer dans le dur. Il risque de bien de se transformer en Père fouettard… », raille l’un d’entre eux.
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